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Activité libérale : Quel régime fiscal choisir ?

Sommaire

Introduction

Le choix du régime fiscal constitue l'une des décisions les plus stratégiques pour tout professionnel libéral, que ce soit au lancement de son activité ou lors d'une réorientation de sa pratique. Ce choix impacte directement la rentabilité de votre activité, la complexité de vos obligations déclaratives et vos possibilités d'optimisation fiscale. En tant qu'expert-comptable spécialisé dans l'accompagnement des professions libérales, nous analysons régulièrement les conséquences de ces choix fiscaux sur le développement des activités de nos clients.

Cet article présente une analyse complète et objective des différents régimes fiscaux accessibles aux professions libérales en 2025, afin de vous aider à prendre une décision éclairée adaptée à votre situation spécifique.

Panorama des régimes fiscaux disponibles

Les trois grandes options à votre disposition

Les professionnels libéraux disposent principalement de trois options fiscales :

  • Le régime micro-BNC (ou micro-fiscal) : régime simplifié avec abattement forfaitaire
  • La déclaration contrôlée (régime réel) : déclaration des recettes et déduction des frais réels
  • L'exercice en société avec option pour l'impôt sur les sociétés : séparation de la fiscalité personnelle et professionnelle

Chacun de ces régimes présente des avantages et inconvénients spécifiques qu'il convient d'analyser au regard de votre situation personnelle, du stade de développement de votre activité et de vos objectifs financiers.

Le régime micro-BNC : simplicité et plafonnement

Principes et fonctionnement

Le régime micro-BNC est accessible aux professionnels libéraux dont les recettes annuelles ne dépassent pas 77 700 € HT (seuil 2025). Son principe est simple :

  • Vous déclarez uniquement vos recettes brutes
  • Un abattement forfaitaire de 34% est automatiquement appliqué pour représenter vos frais professionnels
  • Le résultat (66% de vos recettes) est soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu

Exemple : Pour des recettes annuelles de 60 000 €, l'abattement forfaitaire sera de 20 400 € (34%), et le revenu imposable de 39 600 € (66%).

Avantages du micro-BNC

Ce régime présente plusieurs atouts, notamment pour les professionnels en début d'activité :

  • Simplicité administrative : pas de bilan ni de compte de résultat à établir
  • Comptabilité allégée : simple tenue d'un livre des recettes chronologique
  • Dispense de TVA (franchise en base) tant que le seuil n'est pas dépassé
  • Abattement avantageux pour les activités à faibles charges réelles (inférieure à 34% des recettes)

Limites et inconvénients

Cependant, le micro-BNC présente aussi des limitations importantes :

  • Plafonnement des recettes à 77 700 € (avec tolérance jusqu'à 86 000 € pendant 2 ans consécutifs)
  • Impossibilité de déduire les frais réels, même s'ils dépassent l'abattement forfaitaire
  • Pas d'amortissement possible pour les investissements importants
  • Difficultés de financement potentielles en l'absence d'états financiers
  • Inadaptation aux activités à charges élevées (supérieures à 34% des recettes)

La déclaration contrôlée : déductions optimisées

Principes et fonctionnement

La déclaration contrôlée (ou régime réel) est accessible à tous les professionnels libéraux, quel que soit leur niveau de recettes. Elle est obligatoire au-delà du seuil de 77 700 € HT annuels. Son principe :

  • Vous déclarez vos recettes et déduisez l'ensemble de vos dépenses professionnelles réelles
  • Le résultat net (bénéfice) est soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu
  • Vous pouvez opter pour l'adhésion à une Association de Gestion Agréée (AGA) ou un Organisme de Gestion Agréé (OGA)

Intérêt de l'adhésion à une AGA/OGA

L'adhésion à une AGA est importante pour éviter une majoration de 15% du bénéfice imposable. Cette adhésion vous permet également de bénéficier :

  • D'un dossier de gestion annuel comparant vos résultats aux moyennes de votre profession
  • D'une prévention fiscale et d'un examen de cohérence et de vraisemblance de vos déclarations
  • D'une déduction intégrale du salaire de votre conjoint (limitée à 17 500 € sans adhésion)

À noter : Le coût annuel d'adhésion à une AGA est généralement compris entre 180 € et 300 €, déductible du résultat imposable.

Avantages de la déclaration contrôlée

Ce régime présente de nombreux avantages, particulièrement intéressants pour les activités bien établies :

  • Déduction de l'intégralité des charges professionnelles réelles
  • Possibilité d'amortir les investissements sur plusieurs années
  • Déduction des cotisations facultatives Madelin (retraite, prévoyance)
  • Possibilité de déficits imputables sur le revenu global ou reportables
  • Pas de limitation de chiffre d'affaires
  • Image professionnelle renforcée auprès des partenaires financiers

Contraintes associées

Ces avantages s'accompagnent cependant d'obligations plus strictes :

  • Tenue d'une comptabilité plus complète (livre-journal des recettes et des dépenses)
  • Établissement d'une déclaration fiscale professionnelle (2035)
  • Formalisme accru dans la justification des dépenses
  • Coût supérieur de la gestion administrative et comptable

Comparaison chiffrée : micro-BNC vs déclaration contrôlée

Éléments déterminants pour le choix

Pour déterminer le régime le plus avantageux fiscalement, le facteur essentiel est le rapport entre vos charges réelles et vos recettes. Voici le principe de base :

  • Si vos charges réelles représentent moins de 34% de vos recettes, le micro-BNC est généralement plus avantageux
  • Si vos charges réelles dépassent 34% de vos recettes, la déclaration contrôlée devient plus intéressante
ScénarioMicro-BNCDéclaration contrôléeRégime le plus avantageux
Scénario 1
Recettes : 50 000 €
Charges réelles : 12 000 € (24%)
Bénéfice imposable : 33 000 €
(après abattement de 17 000 €)
Bénéfice imposable : 38 000 €
(50 000 € - 12 000 €)
Micro-BNC
(gain : 5 000 €)
Scénario 2
Recettes : 50 000 €
Charges réelles : 17 000 € (34%)
Bénéfice imposable : 33 000 €
(après abattement de 17 000 €)
Bénéfice imposable : 33 000 €
(50 000 € - 17 000 €)
Équivalent
Scénario 3
Recettes : 50 000 €
Charges réelles : 25 000 € (50%)
Bénéfice imposable : 33 000 €
(après abattement de 17 000 €)
Bénéfice imposable : 25 000 €
(50 000 € - 25 000 €)
Déclaration contrôlée
(gain : 8 000 €)

Au-delà de la simple comparaison fiscale

Toutefois, la décision ne doit pas reposer uniquement sur l'avantage fiscal immédiat. D'autres facteurs entrent en jeu :

  • La perspective de croissance de votre activité (approche du seuil de 77 700 €)
  • Vos projets d'investissement et leur amortissement
  • La valorisation de votre structure en cas de cession future
  • Votre besoin de pilotage précis de votre activité
  • La récupération de la TVA sur vos investissements importants

L'exercice en société : l'option pour l'impôt sur les sociétés

Principes et structures possibles

L'exercice en société avec option pour l'IS constitue une troisième voie intéressante pour certains professionnels libéraux, particulièrement pour ceux générant des revenus élevés. Les structures les plus courantes sont :

  • La SELARL (Société d'Exercice Libéral à Responsabilité Limitée)
  • La SELAS (Société d'Exercice Libéral par Actions Simplifiée)
  • L'EURL avec option pour l'IS (pour les libéraux non réglementés)

Dans ce cadre, le professionnel devient dirigeant de sa société et peut percevoir :

  • Une rémunération soumise aux cotisations sociales et à l'impôt sur le revenu
  • Des dividendes issus des bénéfices de la société après IS

Avantages de l'exercice en société avec IS

Cette option présente plusieurs avantages significatifs :

  • Taux d'IS attractifs : 15% jusqu'à 42 500 € de bénéfices puis 25% au-delà
  • Optimisation des cotisations sociales : possibilité d'arbitrer entre rémunération et dividendes
  • Renforcement des capitaux propres pour financer le développement
  • Protection du patrimoine personnel (responsabilité limitée)
  • Valorisation facilitée en cas de cession

Point de vigilance : Les dividendes distribués par une SEL sont soumis aux cotisations sociales (contrairement aux sociétés commerciales), ce qui limite l'avantage d'optimisation sociale.

Inconvénients et complexités

L'exercice en société comporte également des contraintes non négligeables :

  • Coûts de création et de fonctionnement plus élevés
  • Complexité administrative et juridique accrue
  • Obligations comptables plus formelles (bilan, comptes annuels)
  • Fiscalité plus complexe à piloter
  • Risque de double imposition en l'absence de stratégie appropriée

Cette option est généralement pertinente à partir d'un certain niveau de revenus (typiquement au-delà de 80 000 € de bénéfice annuel) et nécessite un accompagnement personnalisé.

Les critères de choix adaptés à votre situation

Selon le stade de développement de votre activité

Le choix du régime fiscal optimal varie souvent selon le stade d'évolution de votre activité :

  • Phase de lancement : Le micro-BNC est souvent privilégié pour sa simplicité et son coût administratif réduit, permettant de se concentrer sur le développement de la clientèle
  • Phase de croissance : La déclaration contrôlée devient pertinente avec l'augmentation des investissements et des charges réelles
  • Phase de maturité : L'exercice en société peut s'avérer intéressant pour optimiser la fiscalité des revenus élevés et préparer une éventuelle transmission

Selon le type d'activité libérale

Certains régimes sont naturellement plus adaptés à certaines professions :

  • Activités de conseil à faibles charges (consultants, coaches) : souvent avantagées par le micro-BNC
  • Professions médicales et paramédicales : la déclaration contrôlée est fréquemment plus intéressante en raison des investissements en matériel
  • Professions juridiques, experts-comptables, architectes : l'exercice en société est courant, notamment pour faciliter l'association avec des confrères

Critères de décision synthétisés

Pour vous guider dans votre choix, voici une synthèse des principaux critères à évaluer :

  • Volume de recettes actuel et projection à 2-3 ans
  • Niveau de charges professionnelles réelles par rapport aux recettes
  • Besoins d'investissements matériels à court et moyen terme
  • Tranche marginale d'imposition actuelle et future
  • Temps et compétences disponibles pour les tâches administratives
  • Projets personnels (acquisition immobilière, préparation de la retraite, etc.)
  • Perspectives d'évolution de votre activité (association, cession, etc.)

Changement de régime : modalités et implications

Du micro-BNC vers la déclaration contrôlée

Le passage du micro-BNC à la déclaration contrôlée peut s'effectuer :

  • De façon volontaire : en formulant une option avant le 1er février de l'année concernée (valable pour 1 an et reconductible tacitement)
  • De façon obligatoire : lorsque le seuil de 77 700 € est dépassé (ou 86 000 € pendant deux années consécutives)

Ce changement implique :

  • La mise en place d'une comptabilité plus formalisée (recettes-dépenses)
  • L'adhésion recommandée à une AGA/OGA
  • La possibilité de déduire l'ensemble des charges professionnelles
  • Potentiellement, la sortie de la franchise en base de TVA (à étudier séparément)

Conseil pratique : Si vous envisagez cette transition, initiez votre comptabilité détaillée dès janvier, même si vous formalisez votre décision plus tard. Cela facilitera grandement l'établissement de votre première déclaration 2035.

De l'entreprise individuelle vers la société

Cette transformation plus significative s'effectue généralement par :

  • La création d'une nouvelle structure juridique
  • L'apport du cabinet individuel à cette structure

Les implications sont multiples :

  • Aspects juridiques : statuts, formalités d'immatriculation
  • Aspects fiscaux : imposition des plus-values d'apport (dispositifs d'exonération possibles)
  • Aspects sociaux : changement de statut social du dirigeant
  • Relations avec les clients : transfert des contrats, information de la clientèle

Cette démarche nécessite impérativement un accompagnement professionnel personnalisé pour sécuriser la transition et optimiser ses effets.

Questions fréquemment posées

Peut-on cumuler activité libérale et salariat avec des régimes fiscaux différents ?

Oui, c'est tout à fait possible. Si vous exercez une activité libérale en complément d'un emploi salarié, vous pouvez opter pour le régime micro-BNC pour votre activité indépendante tout en étant imposé normalement sur vos salaires. Les deux revenus seront additionnés pour déterminer votre tranche marginale d'imposition, mais chacun conserve ses règles propres de détermination du revenu imposable. Attention toutefois à l'effet de cumul qui peut vous faire passer dans une tranche d'imposition supérieure.

Comment calculer précisément mon taux de charges réelles pour choisir entre micro-BNC et déclaration contrôlée ?

Pour déterminer votre taux de charges réelles :

  1. Listez toutes vos dépenses professionnelles sur une année complète : loyers professionnels, déplacements, fournitures, formation, cotisations sociales obligatoires, etc.
  2. Divisez ce montant total par vos recettes annuelles
  3. Multipliez par 100 pour obtenir le pourcentage

Si ce taux est supérieur à 34%, la déclaration contrôlée sera généralement plus avantageuse. N'oubliez pas d'inclure dans votre calcul les amortissements des investissements professionnels et les cotisations facultatives Madelin, qui sont déductibles uniquement en déclaration contrôlée.

Le passage du micro-BNC à la déclaration contrôlée est-il définitif ?

Non, l'option pour la déclaration contrôlée est exercée pour une période d'un an, renouvelable tacitement chaque année. Vous pouvez donc revenir au régime micro-BNC (si vos recettes le permettent) en dénonçant cette option avant le 1er février de l'année de retour au micro-BNC. Toutefois, cette réversibilité doit être utilisée avec prudence : des changements trop fréquents peuvent attirer l'attention de l'administration fiscale et complexifier votre gestion administrative. Il est généralement recommandé de changer de régime uniquement lorsque votre situation professionnelle évolue significativement.

Quels sont les seuils exacts de TVA et comment s'articulent-ils avec le choix du régime fiscal ?

Les seuils de franchise en base de TVA (dispense de facturation de TVA) pour les professions libérales en 2025 sont :

  • Seuil principal : 36 800 € de recettes annuelles
  • Seuil de tolérance : 39 100 € (dépassement unique autorisé)

Ces seuils sont indépendants de ceux du régime micro-BNC (77 700 €). Vous pouvez donc être au régime réel BNC tout en bénéficiant de la franchise en base de TVA, ou inversement être au micro-BNC et être assujetti à la TVA. L'assujettissement à la TVA implique de facturer la TVA à vos clients (si applicable à votre activité) mais vous permet aussi de récupérer la TVA sur vos achats professionnels, ce qui peut être avantageux en cas d'investissements importants.

L'exercice en société est-il toujours fiscalement plus avantageux pour les revenus élevés ?

Pas systématiquement. L'avantage fiscal de l'exercice en société avec option à l'IS dépend de nombreux facteurs dont :

  • La politique de distribution de dividendes envisagée
  • La situation familiale (quotient familial impactant l'IR)
  • Les autres revenus du foyer fiscal
  • Les projets de réinvestissement dans l'activité

L'exercice en société devient généralement intéressant à partir de 80 000-100 000 € de bénéfice annuel, particulièrement si une partie significative des profits peut être conservée dans la société pour financer son développement. Une simulation personnalisée est indispensable pour quantifier précisément l'avantage potentiel.

Conclusion

Le choix du régime fiscal pour votre activité libérale constitue une décision stratégique qui influence directement votre rentabilité, votre organisation administrative et vos perspectives de développement. Il n'existe pas de solution universelle, mais une approche personnalisée adaptée à votre situation particulière.

Pour les activités en démarrage ou à faibles charges, le micro-BNC offre un cadre simplifié idéal pour se concentrer sur le développement commercial. Pour les structures plus établies générant des charges significatives ou nécessitant des investissements importants, la déclaration contrôlée présente des avantages déterminants. Enfin, l'exercice en société ouvre des perspectives d'optimisation pour les activités matures générant des revenus conséquents.

Cette décision mérite une réflexion approfondie, idéalement accompagnée par un expert-comptable spécialisé dans les professions libérales. Un conseil personnalisé vous permettra de réaliser une simulation chiffrée précise et d'intégrer l'ensemble des paramètres pertinents pour votre activité spécifique.

N'hésitez pas à nous solliciter pour un diagnostic fiscal personnalisé qui vous aidera à optimiser durablement le cadre fiscal de votre activité libérale.

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